lundi 11 avril 2011

Petite Histoire du portrait 2

LE PORTRAIT

Introduction:

le potier Butades de Sicyone.

Sa fille est amoureuse d’un jeune homme qui s’apprête à partir à l’étranger. La lumière d’une lanterne projette le visage de son amoureux sur le mur. Voyant ce profil, elle en trace le contour. Son père, qui était potier, applique de l’argile sur cette esquisse et en fait un relief qu’il met à cuire avec le reste de ses poteries.

Cette anecdote, racontée par Pline (23 - 79 après J.-C.), illustre cette double fonction assignée à la représentation : en l’absence de l’être aimé, la jeune fille put contempler le portrait du jeune homme, associant plaisir et souvenir.

Le portrait en peinture a une force qui s’apparente au domaine du sacré car il permet de rendre les absents présents (ce sont les galeries d’ancêtres que l’on trouvait dans les vieux châteaux). Il témoigne également de l’affection que nous portons à nos proches (le portrait de nos enfants par exemple). Le portrait pallie à la fois l’absence et l’oubli.

1- Antiquité

Les artistes ont toujours cherché à représenter leurs contemporains. Les sculptures égyptiennes, grecques et romaines témoignent, dès l'antiquité, d'une volonté de retranscrire les traits de la personne.

Sculptures, pièces de monnaie, fresques sont autant de moyens de représenter la figure humaine.

Déjà les empereurs pouvaient laisser des traces de leur présence sur terre et de leur pouvoir grâce à leurs images représentées.

buste de Jules César ~ 50 avant J.C


pièce de monnaie égyptienne (époque Cléopâtre)


2- Christianisme

Avec l'arrivée du christianisme l'image ne se veut plus forcement fidèle. Une certaine distance à l'égard du réel s'installe. Ainsi pour Saint Jean « bien peindre ce n'est pas reproduire mais voir l'âme ».

C'est la période des grandes constructions, églises, basiliques, cathédrales, et les images qui remplissent ces édifices se doivent d'accompagner le message religieux. Sous les traits des vivants ce sont les saints qui sont représentés.

Monastère sainte Catherine, mont Sinaï, Egypte, 6ème siècle






Vierge et enfant, icône byzantine, 12ème siècle

3- La Renaissance

Il faut attendre la renaissance vers 1300-1400, pour voir ré-apparaître des portraits individuels. Rois, princes, grands monarques mais également bourgeois et riches propriétaires, tout le monde fait appel aux artistes pour « posséder » leur image.

Mais c'est au 16éme siècle que l'art du portrait connaît son apogée. La généralisation de la peinture à l'huile en Europe et la multiplication des « écoles » permettent aux artistes portraitistes de prospérer.

Giotto, San Stephen, 1320-1325, peinture, florence Italie


Piero della francesca, portrait de sigismondo, 1450

Le portrait est « encore » de profil à l’image des pièces de monnaie





Léonard De Vinci, Mona Lisa dit La Joconde huile sur bois 1503-1506, Paris, Louvre

Un des tout premiers portrait de trois quart


4- Le XVII ème siècle

L'avènement des grandes monarchie en Europe (Angleterre, France, Espagne) permet le développement des portraits de cours établissant ainsi un rapport entre l'individu et l'état.

La mise en scène et l'artifice marque une nouvelle erre du portrait.

Diego Vélasquez. Les Ménines. Peint vers 1656-1657. 318 x 276 cm. Musée du Prado, Madrid





RIGAUD Hyacinthe - Louis XIV, roi de France
Huile sur toile, 277x194, 1701, musée du Louvre, Paris





L'autoportrait devient également un genre important. L'artiste peut, au même titre que les puissants avoir « sa » peinture.

autoportraits de Rembrandt 1669





5-Le XVIII ème siècle

Ce siècle est surtout marqué par des représentation de la vie sociale, (mais quand même toujours bourgeoise)

François Boucher, portrait de Madame de Pompadour huile sur toile,1750, National Galerie Scotland





Jean Honoré Fragonard, Jeune fille lisant 1780


6- XIX ème et XX ème siècles; vers un individualisme.

Début 19 ème, il n'y a plus vraiment de portraitiste professionnel, chaque peintre se doit de faire du portrait. De plus l'arrivée de la photographie pousse les peintres à développer de nouvelles recherches.

Les thèmes sont à l'image du 19 ème, crise des monarchies colonisation et crises sociales. Ce qui produit des portraits sociaux de nouvelles classes, ouvriers, paysans, étrangers.

Jean Dominique Ingres napoleon, 1806





La fonction de reproduction exacte est laissée à la photographie, les recherches portent davantage sur les dimensions psychologiques, sociales, esthétiques ou techniques.

Vincent Van Gogh autoportrait 1889





Le XX ème siècle s'imposera comme une explosion de recherches sur la toile. Ainsi le portrait importe moins que le tableau qu'il faut faire. Il devient presque un prétexte à de nouvelles expérimentions.

Pablo Picasso femme qui pleure 1937









Francis Bacon autoportraits 1969 -1972

Andy Warhol marilyn Monroe, 1964


Conclusion:

Le genre du portrait traverse chaque période de l'histoire et chaque période l'a utilisé à des fins diverses et variées.

Si en littérature ou en photo, le portrait essaie d’aller au-delà des apparences, en peinture, le portrait vise peut-être plus que tout autre art à sonder l’indicible.

Dans la transcription subjective qu’il réalise, le peintre ajoute sa part d’interprétation et en fait une œuvre unique. Et, même si elle reste réaliste, la représentation en peinture apporte une expression qui n’existait pas dans l'originale.